Le Day D, le marathon
Debout 4h, un petit coup d’œil par la fenêtre, ouf ! la
pluie s’est arrêtée. J’ai fait un gros dodo sans problème et la nuit avait 1
heure de +, changement d’heure aux US aussi.
Préparation bien orchestrée, tout était bien préparé et
hop petit déjeuner à 4h45 dans un café à côté de l’hôtel réservé par l’agence
de voyage.
1ère surprise, qui n’en est pas vraiment une
parce que j’avais regardé un peu la météo, en sortant de l’hôtel, un vent à te
renverser et un froid de canard !!!!
2ème surprise, là c’en est bien une, le petit
déj, dégueulasse dans un endroit pas très clean et serveurs débordés….. pain de
mie 1er prix, qq paquets de céréales, café ou thé jetés sur les
tables…. Nouilles à la sauce tomate….. pas appétissant du tout du tout. Enfin
on arrive à se faire quelque chose de potable tant bien que mal, après avoir
attendu pas mal de temps.
Juste le temps de
remonter à la chambre, prendre le sac pour la consigne, la ceinture et hop
c’est parti, le car nous prend devant l’hôtel entre 5h30 et 6h. Il nous amène à
Staten Island pour le départ. Le trajet dure une heure environ, nous serons
donc déposés près du site de départ vers 7h…. pour un départ me concernant 3
heures plus tard.
Pour rentrer dans l’enceinte de départ, nous devons
passer un contrôle de sécurité de l’anti-terrorisme et chacun se dirige dans sa
zone de départ. Il y a 3 zones de départ, bleu, orange et verte, je suis dans
le village orange. Et il y aura 4 départs par vague simultanés de chaque zone à
9h40, 10h05, 10h30 et 10h55. Le positionnement dans une vague est fonction de
notre meilleur chrono, je suis dans la 2ème vague, départ 10h05.
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Villages départ |
En fait l’attente ne sera pas si longue que ça. Tout est
bien organisé dans le village départ, différents stands avec boissons chaudes,
eau, barres énergétiques, bagels, multiples toilettes donc vraiment fluides à
utiliser, grands écrans et messages oraux dans de nombreuses langues pour les modalités
de départ, camions pour déposer les sacs à la consigne. Le temps de repérer
tout ça, je prends une barre énergétique et un thé bien chaud, un petit tour
aux wawas (le 3ème depuis que je suis levée) et l’heure est déjà
bien avancée. J’ai mon caleçon long plus un pantalon de jogging en molleton
bien chaud pour le bas, un TS manches longues Raidlight , un gros pull à col
roulé et un coupe vent en haut, un buff autour du cou, un bandeau sur les
oreilles et des gants en laine. Il y a même un sponsor qui distribue des
bonnets en polaire oranges. Malgré tout ça il fait très froid et chacun essaie
de trouver le lieu idéal à l’abri du vent. Pour moi comme beaucoup d’autres, ce sera blottie entre 2 camions de consignes.
Mon SAS de départ ouvre à partir de 9h mais j’attendrais le dernier moment pour
m’en approcher. Je range mon coupe vent dans le sac que je dépose à la
consigne.
J’entre dans couloir de départ à 9h30 et commence à enlever
les premières pelures. Je pose le bas de jogging. On entend l’hymne américain
et à 9h40 c’est le coup de canon puis « New York, New York » de franck
Sinatra retentit. La première vague vient de partir, émotion, émotion, j’y suis
au marathon de New York …..
Nous avançons doucement vers la ligne de départ à l’entrée
du Verrazano Bridge, le vent est glacial, je garde pull, bandeau, buff et
gants, on verra plus tard. Pas vraiment le temps d’attendre, 10h05, un nouveau
coup de canon retentit, « New York New York » à nouveau….
C’EST MON TOUR. C’EST
PARTI !!!!
Le parcours du marathon traverse les 5 boroughs de New
York.
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Parcours |
Départ de Staten Island, que
nous quittons immédiatement pour rejoindre Brooklyn par le Verrazano Bridge. C’est
le 1er pont traversé, je ne sens pas trop la montée, je suis encore
fraîche (c’est le cas de le dire). Il est très long, 2 miles ou 3,2 km….. et le
vent incroyable. Par moment je me sens déportée et mon pied en l’air vient
taper dans l’autre cheville….. mais je suis transportée par l’émotion, c’est
grandiose, d’autant plus que ma couleur, orange, passe sur le dessus du pont,
tout comme les bleus, les verts passant à l’étage inférieur. Les premiers
efforts font leur effet, je tombe le pull over dès la sortie du pont. De 6’24 sur le 1er km en
montée, j’atteins 5’24 sur le 3ème en descente. Doucement, mollo, le
but est de finir si possible et le moins mal possible.
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Verrazano Bridge |
La traversée de Broolyn est très
longue, du km 3 au km 21, notamment la 4th avenue, une longue ligne droite de
8km, interminable. Les coureurs qui sont devant à perte de vue ….. mais une
telle ambiance, incroyable ! Du monde partout, des groupes de musiques en
nombre, essentiellement de rock, une ambiance du tonnerre à nous faire presque
oublier que l’on court, presque !!!!!
Le décompte en miles ne devrait pas, en théorie, compliquer la course, les miles sont tous indiqués et à partir du 3ème il y aura des ravitos à chaque mile (uniquement eau, et gatorade à certains…. me rappelle plus lesquels puisque je n’en prends pas). Les km sont indiqués tous les 5. Parfait puisque je prends mon alimentation tous les 5km, sauf que tous les 5km y a rien à boire….. donc toute la course je vais devoir compter dans ma tête à quel ravito le plus proche des 5km et multiples de 5km je vais devoir m’alimenter….. ça occupe bien l’esprit. Comme lors de mes marathons précédents j’alterne sucre, pâtes de fruit et gel.
Je maintiens une allure presque toujours inférieure à 6’ au km sauf lors de mes ravitos puisque je prends le temps de m’alimenter et boire en marchant, gobelets en carton obligent.
5km 29’53, 10km 59’04, 15km 1h29’36, 20km 2h00’53, je suis assez régulière.
Je m’approche tout doucement du semi mais j’ai des maux de ventre terrible et le besoin de chercher des toilettes commence à se faire pressant. Je n’ai pas envie que ça impacte mon chrono au semi donc je serre les fesses…. Jusqu’au semi : 2h07’45, 6’ au km de moyenne.
Jusque là ça va bien, l’entraînement pour faire un semi je l’ai. Mais c’est au-delà que ça risque se compliquer.
Le passage du semi se fait sur le pont Pulaski, pont qui nous amène dans le Queens.
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Brooklyn 1th ave |
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Brooklyn 1th ave |
Petit passage dans le Queens
L’urgence est de trouver des toilettes (4ème
fois depuis que je suis levée ce matin), ce sera dès la sortie du pont au 14ème
mile ou 22ème km, arrêt d’environ 4’ pour un km fait en 9’39 !!!!
Et ce ne sera pas tout, après un 23ème km à
une allure retrouvée de 5’55, je sombre pour la traversée du Queensboro Bridge,
2km faits en plus de 19’…….. c’est presque un col hors catégorie, horrible, ça
monte, ça monte, un pont métallique où on est dessous, et pas du tout de
public, personne, pas de trottoir, pas de spectateur, punition totale !
Mon passage dans le Queens je n’en garderai pas un
souvenir impérissable, tout du moins au
niveau performance, petit passage en km mais immense passage en temps, 34’45
pour faire 4km……
1ère entrée sur Manhattan
Dans la descente du Queensboro vers Manhattan on entend la
clameur des spectateurs et la musique des groupes toujours aussi nombreux. Ça rebooste
un peu, il y en a besoin car il reste 16km.
La 1th avenue se monte sur 6km de la 59th rue à la 125th,
encore une très longue ligne droite. Une ambiance extraordinaire, une ferveur
incroyable, on se croirait au tour de France dans la montée de l’Alpe d’Huez.
Les jambes commencent à être bien fatiguées, après avoir marché pratiquement
toute la traversée du pont, c’est très dur de se relancer. Je trottine, je
marche, je trottine, je marche, je cherche du soutien dans les spectateurs, dès
que je vois un drapeau français, m’en approche pour me faire encourager….
Au 30ème km, je me booste, me parle à haute
voix, « il reste 12km, je vais pas marcher 12km sinon ça va trop durer, ce
n’est pas possible, allez cours…. » et je cours, ou plutôt trottine….
Progressivement l’allure diminue, 5’48, 6’36, 6’41, 7’06,
7’27, 8’18, mes maux de ventre qui recommencent, il va falloir m’arrêter à
nouveau…..
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Manhattan 1th ave |
Petite incursion dans le Bronx
Entrée dans le Bronx par le pont de Willis, encore et
toujours beaucoup de public, encore et toujours de la musique, là on a droit
aux fameux tambours !!!!! magique !!!!!!
2ème arrêt wawas, maux de ventre terrible,
arrêt de longue durée, 11’43 pour faire le 34ème km…… en espérant
que ce sera le dernier. Une petite banane avant de repartir, tiens ! un
ravito où il y avait des fruits, ça fait du bien !
Un petit tour de 2,5 km dans le Bronx et retour vers
Manhattan via le 5ème pont du parcours, le Madison Avenue Bridge.
Manhattan, dernière ligne droite
On rentre à nouveau dans Manhattan pour prendre la 5th
avenue, la plus grande, majestueuse, grandiose, 3 miles sur cette 5th avenue et
ce sera l’entrée dans Central Park. Du monde, beaucoup de monde, beaucoup de
bruit et d’encouragements.
Au 37ème km, je vois même sur le bord un ami à
moi qui a fait le voyage mais n’a pas
couru, en convalescence suite rupture tendon d’Achille. Un petit arrêt, ça
permet de souffler avant de repartir. Je ne suis pas à une minute près !
Mais quelle est mortelle cette 5th avenue, toute en faux
plat montant pour les plus optimistes, toute en côte pour moi. Je n’en peux
plus mais je sais que maintenant je le finirai quoi qu’il arrive. Des feux de
croisement à perte de vue, et je m’en sers pour me donner des objectifs, je
marche jusqu’au prochain, puis je cours jusqu’au suivant…. Et ainsi de suite.
Et pour essayer de grignoter quelques secondes, quelques minutes, et bien
arrivée au feu suivant, j’essaie de ne pas marcher mais de courir encore …. Que
c’est dur mais je vais y arriver…..
A droite, on longe Central Park, la gauche est bordée de
magnifiques maisons bourgeoises.
On entre enfin dans Central Park, c’est la bonne
nouvelle, mais la mauvaise surprise c’est qu’il reste 2,2 miles, et au fur et à
mesure où j’avance, je me rends compte que ce n’est pas plat, mais alors pas
plat du tout……
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Central Park |
Du monde partout c’est de la folie, les gens crient, les
gens hurlent, les gens applaudissent, les gens chantent ... dans les allées de
Central Park. Ça monte je marche un peu, ça descend je relance et ainsi de
suite. Un virage à angle droit et je
vois au fond Colombus Circle, là je sais que c’est pas loin, j’avais reconnu cette
partie samedi matin, à Colombus Circle, il reste 600m. Une alternance de petits
faux plats montants et descendants et c’est l’arrivée, grandiose, au milieu d’un
brouhaha gigantesque dans une grande allée bordée des drapeaux de toutes les
nations,
le portique
est là ! Je lève les bras, C’est gagné
4h51’07
Je n’aurais pas imaginé faire un tel chrono avec si peu
de préparation, j’aurais signé pour 5h, 5h30 ou même 6h. J’en avais rêvé, je l’ai
fait, j’ai surmonté mes douleurs, comme à tous les marathons, mais je n’ai
jamais eu mal à mon genou.
A noter la grande disponibilité et immense gentillesse des nombreux bénévoles et une organisation sans faille.